La coutume de l'ensevelissement sous un tertre, qu'il soit formé de terre ou de pierre, se retrouve dans de nombreuses populations, et ce dès le Néolithique. Le fossé rhénan n'échappe pas à cette tradition funéraire qui a très vite, de par sa visibilité dans le paysage, attisé la curiosité de nombreux érudits locaux dès la deuxième moitié du XIXème siècle, en particulier au sein des grandes nécropoles comme celle de Haguenau, de Brumath ou encore de la Hardt. Il faut à ce titre mentionner les travaux de M. de Ring, Ch. Winckler, X. Nessel, E. Wagner ou encore A.W. Naue dont l'ouvrage publié en 1905 constitue la première véritable monographie sur la Protohistoire régionale. Ce sont souvent ces travaux qui vont jeter les bases de la recherche sur les pratiques funéraires des périodes concernées.

L'inhumation sous tumulus n'a pas connu un intérêt constant au cours des périodes chronologiques représentées. Il existe quelques rares cas d'ensevelissement sous tumulus au cours du Néolithique final (-2500 à -1800 environ) et au Bronze ancien (-1800 à -1500 environ), mais c'est surtout au cours du Bronze moyen (-1500 à -1200 environ) qu'on assiste à une vague massive d'érections de ce type de monument funéraire à travers tout le fossé rhénan. On parle généralement de la "Civilisation des tumulus" pour cette période. Celle-ci est suivie dans le temps par la civilisation dite des "Champs d'urnes", au Bronze final (-1200 à -800 environ). Cette dernière délaisse la tradition de l'inhumation sous un tertre (sans toutefois l'abandonner totalement) pour lui préférer celle de l'incinération en urne. Il n'est toutefois pas rare de constater des réoccupations de tertres plus anciens par le biais de l'insertion d'une urne cinéraire dans la masse du tumulus. Malgré un retour progressif à la pratique de l'inhumation au début de l'âge du Fer (Hallstatt C, -800 à -700 environ) il faut attendre le Hallstatt D (-700 à -480 environ) pour que la sépulture sous tumulus connaisse un nouvel essor par le biais de réutilisations de tertres plus anciens, mais aussi par une nouvelle vague de constructions de grande ampleur. C'est au cours de cette période qu'on observe l'apparition de tombes monumentales et très riches avec du mobilier d'origine méditerranéenne (les tombes à char de Hatten, Hügelsheim ou Ohnenheim par exemple). Cette tendance se confirme au cours de La Tène ancienne (-480 à -260 environ), malgré un essoufflement général qui conduira à la disparition de cette pratique funéraire aux alentours de 260 avant notre ère. Il existe quelques tertres dans lesquels du mobilier d'époque romaine à été découvert. Il peut dans certains cas s'agir de sépultures construites ex nihilo, mais il s'agit souvent de réoccupation plus tardive. Il faudra attendre la période mérovingienne pour assister à des constructions de tertres funéraires plus fréquentes.

 Sources

La synthèse des bases de données permettant la réalisation des cartes à été effectuée avec ArkeoGIS : http://arkeogis.org/ (Base: Wassong 2012, PAIR 2010, PATRIARCHE, ADAB)

 Bibliographie

• FLOTTÉ Pascal, FUCHS Matthieu (dir.), Carte archéologique de la Gaule, Bas-Rhin (67), Paris, 2004.
• HOFFMANN Gerhard, Spüren früher Zeiten: Funde und Fundstätten im Landkreis Rastatt: eine Materialkunde zur Vor- und Frühgeschichte, Verlag Regionalkultur, Heidelberg, 2007
• NAUE A.W., Die Denkmäler der vorrömischen Metallzeit im Elsass, Strasbourg, 1905.
• ROTH-ZEHNER Muriel, Carte archéologique de la Gaule, Haut-Rhin (68), Paris, 1998.
• WASSONG Rémy, Organisation spatiale des nécropoles tumulaires de la forêt de Haguenau, Mémoire de master sous la direction de L. Bernard, 3 volumes, Université de Strasbourg, 2012.

Rémy Wassong, 2014