Atlas historique d’Alsace, l’histoire de l’Alsace en cartes
Notice de la carte
Les nécropoles tumulaires de la forêt de Haguenau ont très tôt fait l'objet de nombreuses recherches menées, dans un premier temps, par des érudits locaux. Le plus important d'entre eux, Xavier Nessel, procéda à l'ouverture de près de 400 tertres à la fin du XIXe siècle. Il faut toutefois attendre les publications de Cl. F. A. Schaeffer en 1926 et 1930 pour avoir accès aux données issues de ces fouilles. Ces publications fournissent un catalogue exhaustif des artefacts découverts dans les tumuli ainsi que les cartes des nécropoles explorées. L'évolution des procédés de cartographie, et ces données vieillissantes, nous ont poussé à prospecter l'ensemble de la zone de Haguenau et ses environs, en ignorant la frontière actuelle que constitue le Rhin, pour obtenir des données mises à jour et exploitables spatialement.
Au terme de la phase de terrain, 639 tertres ont été incorporés dans la base de données. La réattribution des tertres à la documentation ancienne nous a permis d'en dater 190. Les périodes d'occupations des tumuli s'échelonnent entre l'âge du Bronze ancien (-1800/-1500) et la Tène B (-380/-260), soit une utilisation des zones funéraires sur plus de 1500 ans, avec des pics d'inhumations sous tumulus au Bronze moyen (-1500/-1200) et au Hallstatt D (-630/-480). Les nécropoles sont installées à proximité de points marquants du paysage comme les cours d'eau qui irriguent l'ensemble de la zone étudiée. L'occupation la plus dense, et aux limites chronologique les plus vastes, peut être constatée le long de la terrasse rhénane. C'est également près des points remarquables du paysage que se dressent les tertres aux volumes les plus conséquents. Ces mêmes emplacements avaient, au cours de l'âge du Bronze, fait l'objet de dépôts d'objets métalliques qui sont à mettre en relation avec des passages à gué sur le Rhin, selon l’hypothèse de Thierry Logel.
Ces alignements de zones funéraires et les relations pouvant les lier aux lieux de passages nous permettent d'émettre des hypothèses sur une partie du réseau viaire protohistorique et son évolution à travers le temps. Ainsi, en combinant ces observations, l’existence de deux axes de circulation majeurs peut être proposée à titre d’hypothèse. Le premier, d'orientation Nord/Sud, suit le Rhin en longeant sa terrasse. Il trouve son pendant sur la rive droite, bien que ce deuxième axe semble moins usité du fait d'une occupation funéraire moins dense. Le second, d'orientation Est/Ouest, longe le Seltzbach, au Nord du massif forestier de Haguenau, et est en connexion directe avec le gué de Seltz/Rastatt. Les autres axes pouvant être perçus au travers de cette étude sont, dans l'état actuel des connaissances, moins densément occupés, et constitueraient de ce fait des axes de communications secondaires.
La synthèse des bases de données permettant la réalisation des cartes à été effectuée avec ArkeoGIS : http://arkeogis.org/ (base: Wassong 2012 et PAIR 2010).
Rémy Wassong, 2014