Atlas historique d’Alsace, l’histoire de l’Alsace en cartes
Caractéristiques
Auteur et institut | Bernard Reitel | |
Périodes | Époque contemporaine | |
Thèmes | Peuplement - Démographie et société | |
Cartographe | Jean-Philippe Droux, CNRS (ARCHIMEDE) | |
Echelle | Alsace | |
Date de création | 2003 | |
Date de dernière modification | 2005 | |
Source | Carte originale | |
Comment citer cette source | Bernard Reitel, « La densité de population en Alsace (1954 -1999) », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, 2005 |
Notice de la carte
Cette carte de densité de la population en Alsace en 1954 fournit un premier aperçu des contrastes du peuplement. La densité moyenne de l’Alsace est de 150 habitants/km2, mais seule une infime partie du territoire régional dépasse cette valeur. Les hautes densités correspondent à des formes ponctuelles bien circonscrites : les villes moyennes et petites comme Sélestat, Saverne, Guebwiller, mais aussi quelques parties de vallées industrielles (Sainte-Marie-aux-Mines, Thur). Deux zones plus étendues sont identifiables : l’agglomération de Strasbourg et l’agglomération de Mulhouse (qui forme une ensemble continu avec le Bassin Potassique et la vallée de la Thur). Les faibles densités (moins de 50 habitants/km2) forment des ensembles à peine plus étendus et sont présentes essentiellement dans certaines parties du Massif Vosgien, en Alsace Bossue, dans les Vosges du Nord, dans le Jura alsacien. La zone la plus vaste se trouve dans la plaine d’Alsace en bordure du Rhin entre Mulhouse et Colmar. Cette partie de la plaine où dominent des sols composés de cailloutis et de sables ont été longtemps considérés comme peu fertiles : les forêts de hardt dominent et les densités rurales sont faibles. Cette carte nous montre également les fortes densités rurales du Sundgau, du Kochersberg, de la plaine d’Erstein et de l’Outre-Forêt.
La carte de 1999 montre que les contrastes se sont atténués dans l’ensemble. Les faibles densités ont presque complètement disparu dans la plaine entre Mulhouse et Colmar. En revanche, ce n’est pas le cas des zones de faibles densités du Massif vosgien qui sont toujours présentes. Dans la plaine, les zones de hautes densités se sont élargies et sont réparties en trois ensembles. Une grande région strasbourgeoise délimitée au Nord par Haguenau et au Sud par Benfeld a intégré une partie du Kochersberg à l’Ouest. Des branches de fortes densités suivent les axes routiers vers Saverne (RN4, A4). Un deuxième ensemble correspond aux environs de Colmar et de Sélestat et comprend la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines. Enfin un troisième ensemble est délimité par Guebwiller au Nord et Saint-Louis au Sud-Est et possède des ramifications vers les principales vallées de l’Alsace du Sud (Thur, Doller, Ill). Il s’étend certainement au-delà de la frontière et incorpore Bâle. Chacun de ces trois ensembles est séparé par des zones de moindres densités. L’évolution générale de 1954 à 1999 montre qu’un quasi-continuum de fortes densités a émergé dans la plaine d’Alsace de Haguenau à Bâle, tandis que les zones de faible densité du Massif Vosgien et de l’Alsace bossue constituent une permanence. Le système de peuplement des années 1950 caractérisé par de fortes densités rurales d’où émergeaient quelques fortes densités urbaines s’est transformé en un système où les contrastes entre zones urbaines et zones rurales se sont largement estompés. C’est autour des villes et le long des principaux axes de communication (dont celles qui relient les principales agglomérations) que les densités se sont affirmées. Les zones de fortes densités correspondant à présent à un espace largement urbanisé.
Les cartes d’évolution présentent les indices d’évolution des populations pendant une période donnée. Chaque carte permet de repérer les contrastes des dynamiques démographiques de la région. Sur la période 1954-1999, les indices les plus élevés (supérieurs à 150, c’est-à-dire à celle de l’ensemble de la région) apparaissent autour des principales agglomérations : sous la forme d’une demi-couronne autour de Strasbourg, entre Colmar et le Rhin, à l’Est de Mulhouse. Elles correspondent aux communes situées aux abords des villes et les plus accessibles de ces dernières : il s’agit à la fois de communes qui composent à présent les banlieues que de communes de la première couronne rurale. Les zones de déclin sont principalement situées dans le Massif Vosgien. Certaines coïncident aux espaces de faible densité repérés précédemment (Vosges du Nord, Alsace Bossue, Jura alsacien), d’autres correspondent aux vallées industrielles (Sainte-Marie-aux Mines, Haute vallée de la Bruche, Thur, Doller).
Pendant la période 1975 à 1999, les taux de croissance les plus élevés concernent des communes rurales qui sont éloignées de 10 à 25 kilomètres des principaux pôles urbains. Le phénomène le plus spectaculaire est visible autour de Strasbourg : une auréole de croissance entoure Strasbourg et s’étend jusqu’à dans un rayon de 30 à 40 kilomètres autour de la ville-centre, alors que la ville elle-même connaît une faible augmentation de sa population. Au-delà de cette zone, les cas de stagnation ou de déclin deviennent peu à peu majoritaires vers le Nord (Woerth, Niederbronn-les-Bains), vers l’Ouest (Alsace Bossue) et le Sud-Ouest (Massif Vosgien). L’Outre-Forêt échappe à la déprise, même si les croissances restent modestes, en raison des perspectives d’emploi offertes par les villes voisines de la rive badoise (Karlsruhe, Baden-Baden et Rastatt). Dans la partie méridionale de la région, les zones de fortes croissance sont situées entre les principaux pôles urbains : entre Colmar et Freiburg (Neuf-Brisach), Colmar et Mulhouse (Ensisheim), Mulhouse et Bâle (Sierentz), Mulhouse et Belfort (Burnhaupt). Les poches de faible croissance correspondent aux villes (Colmar, Mulhouse) et aux parties amont des vallées (Sainte-Marie, Thur, Doller), le Jura alsacien, la zone d’Ottmarsheim.
La période considérée correspond à celle de la périurbanisation qui commence dans les années 1970 dans les communes rurales situées autour des principales agglomérations. Le phénomène s’étend progressivement à des communes rurales de plus en plus éloignées des pôles urbains. La périurbanisation s’est généralisée à l’ensemble du territoire alsacien. Les communes rurales présentent une attractivité qui semble faire défaut aux villes les plus grandes. En revanche, l’emploi reste dans l’ensemble concentré dans les agglomérations. Cette dissociation de plus en plus forte entre les dynamiques résidentielles et les dynamiques de l’emploi provoque d’intenses déplacements de navetteurs.
Ces cartes thématiques ont été dressées à partir de données statistiques de l’INSEE à l’aide des logiciels Cartes&données, en adoptant les méthodes du carroyage et du lissage.
Le carroyage consiste à appliquer un fond de carte composé de carreaux sur un espace composé d’unités spatiales de taille hétérogène. L’homogénéisation du fond de carte permet d’éliminer les « bruits » d’un fond où les unités spatiales ont des tailles très différentes.
Chaque carreau prend la valeur de l’unité spatiale sous-jacente. Lorsque le carreau est situé à l¹intersection de deux unités, il prendra en compte les valeurs de chaque unité en fonction du pourcentage de surface couverte. Un seuil est choisi afin d’éviter des calculs complexes lorsqu’un carreau recouvre plusieurs unités spatiales et que la surface couverte est très réduite. Un seuil de 30 % a été appliqué ici. Prenons par exemple un carreau X qui recouvre deux unités spatiales A et B.
Lorsque la surface du carreau X est recouverte de 40 % de celle de A et 60% de celle de B, la valeur du carreau est calculée comme suit : Vx = 0,40 x Va + 0,60 x Vb
Lorsque la surface du carreau X est recouverte de moins de 30 % de celle de A et plus de 70 % de celle de B, le carreau prend alors la valeur de B.
La carte des densités de population 1954, où figurent les deux découpages (découpage communal initial et carroyage), permet d’illustrer l’intérêt de cette transformation.
Le lissage permet de montrer les grandes tendances en éliminant les pics de valeur. L’objectif est de proposer une lecture globale qui élimine les détails. Pour chaque unité spatiale, on additionne les valeurs de l’unité de référence et des unités spatiales voisines, puis on calcule la moyenne de cette valeur qui est attribuée à l’unité de référence. Le calcul est effectué pour chaque unité spatiale. Dans le cas d’un fond de carte en carroyage, le niveau de lissage peut être plus ou moins élevé. Nous avons choisi un niveau 1, c’est-à-dire que la valeur de l’unité spatiale sera la moyenne des valeurs de 9 carreaux : l’unité de référence et les 8 carreaux adjacents.
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