Atlas historique d’Alsace, l’histoire de l’Alsace en cartes
Caractéristiques
Auteur et institut | Nicolas Stoskopf, UHA (CRESAT) | |
Périodes | Époque contemporaine | |
Thèmes | ||
Cartographe | Benjamin Furst, UHA (CRESAT) | |
Echelle | Suprarégionale | |
Date de création | 2016 | |
Date de dernière modification | 2016 | |
Source | Carte originale | |
Comment citer cette source | Nicolas Stoskopf, « Le réseau du Comptoir d’escompte de Mulhouse en 1913 et en 1928 », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, 2016 |
Notice de la carte
Fondé en 1848 à l'initiative du Gouvernement provisoire dans un contexte de crise financière aiguë, il est un des rares comptoirs d'escompte régionaux à survivre et à prospérer sous la houlette des milieux d'affaires mulhousiens. Son histoire comporte trois phases bien marquées :
- Géré avec prudence et se limitant à son siège mulhousien, il ne connaît aucun développement notable de 1848 à 1886.
- La nomination comme directeur d’Eugène Raval (1852-1841) à compter du 1er janvier 1887 est un tournant. La croissance est exceptionnelle : en 1912, 26 ans plus tard, le capital a été multiplié par 45, le total de bilan par 67 et le chiffre d’affaires par 104 ! Entre-temps, le Comptoir s’est doté d’un réseau de 94 guichets, situés pour la plupart en France. Il prend alors place dans le peloton de tête des grandes banques régionales françaises, derrière la Société nancéienne de crédit, mais devant le Crédit du Nord ou la Société marseillaise de crédit.
- En 1913, à l'instar de la SACM avec son usine de Belfort, il apporte son réseau français à une filiale, la Banque nationale de crédit (BNC). Après la guerre, les deux banques, loin de se rapprocher, se séparent. Le Comptoir reconstruit un réseau régional (57 guichets en 1930) en Alsace et en Lorraine.
Il est finalement absorbé en mai 1930 par son ancienne filiale, la BNC. A la BNC succèdent la BNCI en 1932, puis la BNP en 1966 et enfin BNP-Paribas (2000).
Pour créer son réseau, le Comptoir procède par croissance externe, en rachetant des banques locales et en conservant leur direction et leur personnel expérimenté, ce qui lui donne d’incontestables atouts par rapport aux succursales des grandes banques parisiennes qui doivent se constituer une clientèle ex nihilo.
Les prémices de cette politique sont posées dès 1889 par la signature d’une convention avec Emmanuel Buxtorf-Koechlin, banquier à Troyes, auquel est accordé un crédit permanent d’un million de francs qui s’apparente à une commandite. Elle se poursuit en 1894 par l’ouverture d’un crédit de 600 000 F à Paul Frenaye, ancien directeur de la Sogénal à Mulhouse, qui ouvre une maison de banque à Belfort. Mais le véritable coup d’envoi est donné par l’acquisition en 1900 de la maison Auguste Manheimer de Colmar, une banque qui collecte 4 à 5 M de dépôts et emploie unevingtaine d’employés. Un an et demi plus tard, les imprudences d’Emmanuel Buxtorf-Koechlin conduisent le Comptoir à prendre en mains la direction de la maison de banque à partir du 1er juillet1902 et à intégrer également ses trois agences d’Arcis-sur-Aube, Nogent-sur-Seine et Romilly-sur- Seine. Suivent en 1902 toujours, Saint-Dié, puis Besançon (1904), Belfort (1906), Plombières et Remiremont (1907), Dijon (1908).
Les implantations au Havre, à Paris et à Lyon donnent au réseau une dimension plus nationale : le projet du Havre est motivé par « de très importantes relations » menacées par l’installation du Crédit du Nord. Une succursale est créée cette fois ex nihilo le 15 mai 1907 et connaît un succès immédiat. À Paris, l’objectif est de « créer un lien entre les sièges français » : une succursale provisoire est ouverte en octobre 1909 avant d’emménager 20, rue Le Peletier le 1er janvier 1910. Le même jour, le Comptoir prend à Lyon la succession de la maison De Riaz Audra & Cie. Suivent encore Marseille (1910), Rouen et Zurich (1911). À partir de ses succursales, le Comptoir densifie son réseau de proche en proche, notamment autour de Troyes, et étend sa toile par une véritable « course au guichet ».
Dans les années 1911-1913, l’extension du réseau connaît une nouvelle accélération : le Comptoir ouvre une nouvelle succursale à Orléans, 16 agences supplémentaires et 14 bureaux périodiques.
Au début de 1913, il exploite 16 succursales, 44 agences et 34 bureaux périodiques, soit 94 guichets. Son réseau se développe essentiellement dans les Vosges, en Bourgogne et dans le Sud dela Champagne. En revanche, il abandonne l’Alsace à ses concurrents régionaux, ainsi que la plus grande partie de la Lorraine et de la Champagne à la Société nancéienne de crédit, très dynamique également, qui pratique une politique analogue.
Au lendemain de la guerre, le Comptoir redémarre presque à zéro, avec trois succursalesseulement, à Colmar, Guebwiller et Zurich. Il doit se faire une place sur un marché régional, qu’il a jusqu’à présent négligé et qui est tenu de longue date par ses concurrents, la Banque de Mulhouse,la Sogénal et la Banque d’Alsace et de Lorraine. Pire, il se heurte à la concurrence de la BNC qui le devance en s’implantant à Strasbourg et dans le Bas-Rhin après 1918. Finalement, un accord est signé en 1921 qui aboutit à un partage de zones d’influence : la BNC abandonne au Comptoir l’ex- Alsace-Lorraine et lui rétrocède six agences bas-rhinoises (Strasbourg, Bischwiller, Brumath, Haguenau, Saverne, Sélestat).
Le Comptoir reconstitue peu à peu un réseau d’agences : 13 en 1920, 24 en 1924, 57 en 1930. Mais hormis la reprise de la banque Mayer & Cie à Metz en 1923, il ne cherche pas vraiment à s’implanter en Lorraine et ne comble pas non plus certaines lacunes en Alsace (Munster, Molsheim, Wasselonne). En revanche, il ouvre en 1926, une nouvelle agence à Paris, rue du Faubourg Saint- Honoré.
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