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Les élections cantonales et municipales dans le Haut-Rhin (1945-1947)

Caractéristiques

Auteur et institut Marie-Claire Vitoux, UHA (CRESAT)
Périodes Époque contemporaine
Thèmes Élections et partis politiques
CartographeJessica Develles
EchelleDépartement
Date de création2007
Date de dernière modification2010
SourceCarte originale
Comment citer cette sourceMarie-Claire Vitoux, « Les élections cantonales et municipales dans le Haut-Rhin (1945-1947) », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, 2010

Notice de la carte

Les élections cantonales de 1945 dans le Haut Rhin

Les premières élections cantonales de la Libération ont lieu les 23 et 30 septembre 1945 : à cette date, la vie politique tant nationale que locale est en pleine réorganisation. Les interrogations quant à la volonté des mouvements de résistance de se constituer en partis politiques et à la capacité des partis de la IIIe république à se reconstituer sont en train de trouver des réponses. Les cinq cantons d’attachement partisan « indéterminé » sont révélateurs de l’instabilité des positionnements politiques en cette fin 1945.

Ces élections représentent un pic dans la participation électorale (80%), le retour de la liberté et le nouveau droit de vote accordé aux femmes génèrant un réel intérêt pour les consultations démocratiques.

La dominante bleue de la carte montre le succès du Mouvement républicain populaire dans le Haut-Rhin et plus largement en Alsace. Succès exceptionnel car largement supérieur aux scores de 20 à 30% de voix atteints par le Mouvement dans le reste de la France.

Le MRP est créé dés le 24 novembre 1944 pour rassembler les résistants chrétiens ne se reconnaissant pas dans la résistance socialiste et communiste. Maurice Schumann et Georges Bidault écartent cependant l’expression « démocrate-chrétienne » pour éviter de froisser une partie de l’électorat. Le MRP veut en effet « ratisser large » depuis les démocrates-sociaux jusqu’aux modérés et à la droite privée de parti. Le mouvement est populaire car, porteur d’un idéal de démocratie sociale issue de la Résistance, il peut aussi s’appuyer sur la popularité de De Gaulle, celui-ci n’ayant à cette date pas encore créé son rassemblement. En Alsace, les racines du MRP plongent dans l’ancienne Union populaire républicaine (UPR), développée dans l’entre-deux-guerres sur le terrain de la défense du particularisme alsacien (respect du statut religieux et scolaire). Certes, le Parti républicain populaire avait bien essayé à partir de février 1945 de faire revivre l’UPR et sa branche dissidente, l’APNA (Action populaire nationale d’Alsace), mais il n’a eu qu’une existence éphémère, l’autonomisme étant son pêché originel : il choisit donc dés juillet 1945 de se fondre dans le MRP qui reprend pour ce faire son programme de législation particulière pour l’Alsace.

Seuls résistent à la vague MRP, le bastion socialiste de Mulhouse (la ville et le sud du bassin potassique dans le canton de Mulhouse-Nord) ainsi que le canton de Saint Amarin, bien seul à présenter des candidats se réclamant de la Résistance, donc refusant le retour au jeu politique traditionnel : dés 1946, les membres des mouvements de la Résistance rejoignent les partis traditionnels qui se sont réimplantés ou nouveaux qui se sont créés.

Les élections municipales de 1945 et 1947 dans le Haut-Rhin

Du fait de la libération tardive de la province, les élections municipales de 1945 ont lieu en Alsace cinq mois après celles qui se sont déroulées en France d’Outre-Vosges. Elles se  tiennent fin septembre en même temps que les cantonales.

Deux ans plus tard, les élections municipales de mi-octobre 1947 montrent la réorganisation de la vie politique au sein d’une IVe république enfin dotée de ses institutions.

Il faut noter aussi la différence de mode de scrutin entre ces deux élections. Les premières se font au scrutin plurinominal majoritaire à deux tours, en reproduisant les modes de scrutin de la IIIe république : les élus sont ceux qui ont obtenu la majorité des suffrages. La loi électorale de 1947 instaure quant à elle la représentation proportionnelle pour les villes de plus de 9 000 habitants, dans un compromis entre d’un côté le MRP et le PCF (qui réclament la proportionnelle pour toutes les communes) et de l’autre, la SFIO : sont donc concernées les communes de Mulhouse, Colmar, Guebwiller et Sainte-Marie aux Mines.

La carte des élections municipales de l’immédiat après-guerre révèle l’instabilité du jeu politique après la Libération d’abord par l’ampleur des « indéterminés ». 

La marée bleue du Mouvement républicain populaire est immense, à comparer avec la carte des élections cantonales. Rappelons qu’en 1945, le MRP est le seul mouvement qui puisse faire voter pour lui tant les Alsaciens attachés aux spécificités religieuses, sociales et culturelles que la droite privée de parti et la gauche démocrate-chrétienne.

Il en va tout autrement en 1947 qui voit l’arrivée triomphale d’un nouveau parti, même si à l’image du MRP, il refuse l’appellation de « parti », le Rassemblement populaire français. Les municipales de 1947 sont un test pour de Gaulle et son rassemblement puisque c’est la première fois, depuis sa création en avril, que sa formation politique se présente devant les électeurs. Le succès est d’autant plus marqué que le RPF s’est présenté soit de façon autonome comme à Mulhouse, soit en liste commune avec le MRP et avec des indépendants de droite,  soit encore avec le Rassemblement des gauches républicaines (lequel s’est parfois allié à la SFIO). La victoire RPF est acquise aussi bien quand il fait cavalier seul que dans le cadre d’alliances variées et pragmatiques. Le recul du MRP sous les coups de boutoir du RPF est net.

La faiblesse de l’implantation du Parti communiste est, dés 1945, particulièrement frappante : il ne conserve plus que la commune de Wittelsheim au cœur du bassin potassique. Il perd d’ailleurs cette municipalité en 1947. La différence est immense avec les scores nationaux du « Parti des fusillés » et « des travailleurs » : le sort des Malgré Nous prisonniers des camps soviétiques pèse lourd dans le vote alsacien.

La SFIO se maintient mieux que l’autre parti de gauche. En 1945, elle emporte douze municipalités, dont Colmar avec Edouard Richard et Mulhouse avec Auguste Wicky : rappelons qu’elle n’en contrôlait que sept avant la guerre. 

Pourtant, son recul est frappant deux ans plus tard : elle perd plus de la moitié de ses villes dont Colmar (liste d’union RPR/MRP) et Mulhouse où c’est le gaulliste Lucien Gander qui est élu. Outre l’attractivité du nouveau parti gaulliste, c’est l’usure du pouvoir et surtout l’instabilité des alliances nouées par les élus de la SFIO qui la pénalisent.

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