Atlas historique d’Alsace, l’histoire de l’Alsace en cartes
Caractéristiques
Auteur et institut | Bertrand Risacher, Nicolas Stoskopf, CRESAT | |
Périodes | Époque contemporaine | |
Thèmes | Conflits armés - Artisanat et industrie | |
Cartographe | Jean-Philippe Droux, CNRS (ARCHIMEDE) | |
Echelle | Alsace | |
Date de création | 2013 | |
Date de dernière modification | 2013 | |
Source | Das Elsass von 1870-1932, J. Rossé et al., T. IV, Verlag Alsatia, Colmar, 1938 | |
Comment citer cette source | Bertrand Risacher, « Les entreprises industrielles séquestrées en Alsace pendant la Grande Guerre. Situation en 1917 », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, 2013 |
Notice de la carte
La présence sur le territoire national d’intérêts ennemis pose aux belligérants des problèmes qu’il faut résoudre sans tarder. En Alsace-Lorraine, la question est d’autant plus aiguë que les enjeux politiques sont au moins aussi importants que les considérations économiques et sociales.
Dès le 4 septembre 1914, une ordonnance du Bundesrat permet de mettre sous la surveillance d’un contrôleur nommé par le gouvernement toute entreprise dont « le centre de direction ou de surveillance […] se trouve en pays ennemi » ou dont « les revenus sont destinés, en totalité ou en partie, à être envoyés en pays ennemi ». Le 26 novembre 1914, une nouvelle ordonnance prévoit « de placer sous administration forcée (Zwangsweise Verwaltung) les entreprises dont le capital appartient entièrement ou pour la plus grande partie à des nationaux français ». L’article 2 prévoit que « l’administrateur prendra possession de l’entreprise. […] Il pourra continuer en totalité ou en partie l’exploitation de l’entreprise, ou terminer simplement les affaires en cours. […] Pendant la durée de l’administration, les droits du propriétaire de l’entreprise sont suspendus. » Autrement dit, il s’agit bien d’une étatisation pure et simple, en principe temporaire, mais qui peut aussi se terminer par une liquidation.
Un décret du 10 décembre 1914 met cette ordonnance en application en Alsace-Lorraine. Les séquestres interviennent pour la plupart dans le courant de l’année 1915, mais des corrections sont effectuées en 1916 : dans le Haut-Rhin par exemple, aux 51 entreprises séquestrées en 1915, s’en ajoutent 9 autres en 1916, mais 12 en sont retranchées (parmi lesquelles Dietsch & Cie à Lièpvre, Schlumberger-Steiner à Ribeauvillé, la papeterie Schwindenhammer de Turckheim, le tissage Baudry de Bollwiller, les mines de Kali-Sainte-Thérèse, Zuber-Rieder & Cie à Mulhouse).
Au 1er janvier 1917, 89 entreprises en Alsace (48 dans le Haut-Rhin, 41 dans le Bas-Rhin) sont sous séquestre. Elles sont de nature et de taille très diverses : des sociétés immobilières, des importateurs de champagne, un négociant en truffes et un fabricant d’eau dentifrice voisinent avec l’ELMAG (alias SACM) qui emploie plus de 4 000 salariés dans ses usines de Mulhouse et de Graffenstaden.
40 entreprises industrielles, elles-mêmes de taille très variable, ont finalement été retenues pour figurer sur cette carte. Non seulement, elles sont majoritairement situées dans le Haut-Rhin, mais les entreprises bas-rhinoises séquestrées sont d’une importance mineure à l’exception de l’usine ELMAG de Graffesntaden et des établissements Coulaux dans la région de Molsheim. En revanche, plusieurs grosses usines haut-rhinoises, textiles notamment, tombent sous contrôle allemand. Cette répartition est en partie le reflet de la géographie des capacités de production en Alsace, mais aussi d’une histoire qui a vu de nombreux dirigeants et actionnaires, de Mulhouse et des environs, s’installer de l’autre côté de la frontière après 1871 tout en conservant leurs intérêts en Alsace-Lorraine annexée.
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