Atlas historique d’Alsace, l’histoire de l’Alsace en cartes
Caractéristiques
Auteur et institut | Philippe Jéhin | |
Périodes | Époque contemporaine | |
Thèmes | Risques | |
Cartographe | Benjamin Furst, UHA (CRESAT) | |
Echelle | Alsace | |
Date de création | 2015 | |
Date de dernière modification | 2016 | |
Source | Carte originale | |
Comment citer cette source | Philippe Jéhin, « Les incendies de forêt au début du XXe siècle en Alsace », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, 2016 |
Notice de la carte
Les grands incendies de forêt qui défraient la chronique au cours de la saison estivale, laissent à penser que cette catastrophe ne touche que les régions méridionales de l’Europe. Pourtant, l’Alsace n’est pas pour autant épargnée.
Il n’existe aucun recensement exhaustif des incendies de forêt dans le nord de la France. Cependant, au début du XXe siècle, la presse régionale mentionne de nombreux incendies de forêt dans la rubrique des faits divers qui constituent la base du corpus. Le Journal de Colmar devenu Le Nouvelliste d’Alsace-Lorraine paraît de façon bi-hebdomadaire puis quotidienne de 1893 à juillet 1914. Après la Première Guerre mondiale, il renaît sous forme de quotidien sous le titre Le Nouveau Rhin français de 1921 à 1923, puis il devient Le Nouvelliste d’Alsace à partir de 1924. La collecte porte donc sur vingt-neuf ans, de 1893 à 1928, avec une interruption due à la guerre entre 1914 et 1920. Ce corpus composé de 169 cas ne recense pas l’intégralité des incendies de forêts en Alsace mais donne un aperçu des zones les plus particulièrement touchées, des causes et l’ampleur des sinistres au début du XXe siècle.
Les sources utilisées semblent accorder une large place au Haut-Rhin par rapport au Bas- Rhin. Sans grande surprise, on constate que les incendies de forêt touchent les secteurs les plus boisés de la région. Les vastes forêts de la plaine sont largement concernées avec un record de vingt incendies pour le secteur de Cernay et Wittenheim avec la forêt très sensible du Nonnenbruch, douze dans la Hardt du Sud et huit dans la Forêt de Haguenau. Les forêts de montagne ne sont guère épargnées avec seize cas pour la vallée de la Weiss, douze dans la vallée de la Thur, dix dans le canton de Ribeauvillé, huit dans les vallées de Munster et de Guebwiller ainsi que dans le canton de Sélestat. En revanche, d’autres secteurs semblent davantage épargnés. Les cantons de montagne comme ceux de Sainte-Marie-aux-Mines, des vallées de la Bruche ou de Villé, le Sundgau, les forêts alluviales des rives du Rhin ou la Hardt du Nord sont moins sujets aux incendies. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les munitions et les explosifs abandonnés dans les forêts facilitent grandement l’extension des incendies. Les zones traversées par le front, et en particulier les champs de bataille comme le Vieil Armand ou le Linge, sont fréquemment ravagées par les flammes.
Les incendies de forêt se déclarent principalement au début du printemps (46,5 % en mars-avril), puis au cœur de l’été (30,5 % en juillet-août). Au sortir de l’hiver, le sous-bois estjonché de feuilles mortes et d’herbes jaunies qui offrent un combustible inflammable avant larepousse printanière. La grande majorité des cas (76 %) concerne des incendies ayant détruit des parcelles d’un à cinquante hectares.
Les origines des incendies sont dues dans deux tiers des cas, à l’imprudence de divers usagers de la forêt (randonneurs, fumeurs, enfants). Dans près d’un quart des cas identifiés, les incendies sont occasionnés par des feux liés à des travaux forestiers ou agricoles ou à la circulation des trains. Enfin,10 % des incendies de forêt sont attribués à des actes de malveillance.
Tous les types de peuplements forestiers sont affectés. Les végétations basses comme les broussailles et les taillis sont particulièrement touchées, mais les autres boisements comme lesfutaies sont aussi affectés par les incendies. L’originalité de ces feux de forêt réside peut-être moins dans leur fréquence que dans leur ampleur. Les surfaces incendiées restent relativement réduites, de l’ordre de quelques hectares, voire quelques dizaines d’hectares. Dans une région densément peuplée comme l’Alsace, les feux de forêt semblent détectés de façon précoce ; la lutte contre l’incendie peut alors s’engager rapidement.
La difficulté de localiser le lieu de départ des incendies en raison de l’imprécision des sources a parfois conduit à placer certains points de manière arbitraire dans la limite de la commune concernée, souvent dans le massif forestier qui s’y trouve aujourd’hui. A l’échelle de l’Alsace, la perte d’information est minime, mais à plus grande échelle, la localisation absolue n’est pas garantie.
Le couvert forestier est issu de la base BD CARTO de l’IGN et date de 2005. Il n’est donné qu’à titre indicatif : si les principales zones boisées, notamment dans les Vosges, la Hardt et la forêt d’Haguenau ont subsisté, le fonds ne reflète pas exactement le couvert forestier du début du XXe siècle.
Benjamin Furst, 2016
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