Atlas historique d’Alsace, l’histoire de l’Alsace en cartes
Caractéristiques
Auteur et institut | Eric Ettwiller, Nicolas Stoskopf, CRESAT | |
Périodes | Époque contemporaine | |
Thèmes | Éducation | |
Cartographe | Jean-Philippe Droux, Benjamin Furst, UHA (CRESAT) | |
Echelle | Alsace | |
Date de création | 2014 | |
Source | Carte originale | |
Comment citer cette source | Eric Ettwiller, « L'enseignement secondaire masculin en Alsace en 1900 », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, |
Notice de la carte
En 1870, l’enseignement secondaire masculin en Alsace, conformément au système français, comprend essentiellement des établissements classiques, où le latin, parfois accompagné du grec, prédomine : lycées impériaux (Strasbourg, Colmar), collèges communaux, Gymnase protestant (Strasbourg) ou catholique (Colmar), Progymnase (Bischwiller) et petits séminaires. Il existe toutefois des sections spéciales, où les langues mortes s’effacent devant les langues vivantes et les sciences. Quelques rares établissements secondaires poursuivent un objectif exclusivement pratique : l’Ecole professionnelle de Mulhouse, l’institution des lassalliens à Saint-Hippolyte, le pensionnat Belley à Strasbourg et quelques autres petites institutions privées (ignorées par l’historiographie). Après le traité de Francfort, la présidence supérieure d’Alsace-Lorraine supervise, en la personne du Dr August Baumeister, la réorganisation des établissements publics, menée, sur le terrain, par des directeurs et des enseignants allemands. On applique le modèle prussien :
Gymnasium, cursus de 9 années (Sexta, Quinta, Quarta, Unter-Tertia, Ober-Tertia, U-Secunda, O-Secunda, U-Prima, O-Prima) qu’on démarre à 9 ans et qui mène à l’Université, avec latin et grec comme matières prédominantes ;
Pendant la période de transition, les appellations françaises sont maintenues sous les formes latines de Lyceum et Collegium. Des établissements publics voient le jour sous ce dernier nom (Munster en 1871, Barr en 1872), également attribué au Progymnase de Bischwiller après sa municipalisation (1872). En 1873, Gymnasien, Realgymnasien et Realschulen deviennent officiellement les trois types d’écoles relevant de l’enseignement secondaire alsacien-lorrain, qui est donc, du point de vue légal, exclusivement masculin (le pendant féminin qu’on reconnaît dans les faits n’intègrera cette catégorie qu’en 1915). Publics comme privés, ils sont placés sous la surveillance de la présidence supérieure, classes préparatoires comprises (Nona, Octava, Septima, pour les enfants de 6 à 9 ans). La mesure entraîne la disparition de la totalité des institutions catholiques d’Alsace (Colmar en 1873, Strasbourg et Zillisheim en 1874, Saint-Hippolyte en 1875), tandis que le Gymnase protestant, dont le nom correspond désormais à sa catégorie juridique, se conforme aux nouvelles normes sous la houlette de son directeur adjoint allemand, le Dr Paul Albrecht. Dans l’enseignement public, certaines écoles se cherchent encore pendant quelques années. En 1880, elles sont :
En cette même année, le petit séminaire de Zillisheim rouvre ses portes, bientôt suivi par celui de Strasbourg (1883). Le second est reconnu comme Gymnasium en 1886, le premier comme Progymnasium l’année suivante (il deviendra un Gymnasium en 1904). Pendant ce temps, les Realgymnasien disparaissent du paysage scolaire alsacien, par leur transformation en Gymnasien ou Progymnasien (Altkirch et Sélestat en 1881, Bischwiller et Thann en 1885, Guebwiller en 1886) ou en Realschule (Sainte-Marie-aux-Mines en 1889). L’impulsion a été donnée par le Statthalter von Manteuffel (1879-1885), ennemi de l’hybridation entre classique et pratique. En 1882, il se débarrassa de Baumeister, qui la défendait, en remplaçant sa division au Ministère par un nouvel organe, l’Oberschulrat. Albrecht, hostile aux Realgymnasien, y devint directeur de l’enseignement secondaire. Il défend sa position à la conférence scolaire de Berlin (1890), qui conclut dans son sens. La réforme prussienne de 1892 signe cependant la réhabilitation des Realgymnasien. L’Alsace reste à contre-courant, tandis qu’elle adopte les Oberrealschulen. Realschulen d’un cursus de 6 années prolongé de 3 années supplémentaires (Oberrealklassen), elles donnent accès à l’enseignement supérieur technique. On transforme des structures déjà existantes : Neue Realschule (1893) et Realschule Saint-Jean (1907) à Strasbourg ; Gewerbeschule à Mulhouse (1893) ; Realklassen du Lyceum à Colmar (1905). Dans le même mouvement, de simples Realschulen voient encore le jour : Strasbourg (nouvelle fondation, 1902) ; Thann (transformation progressive du Progymnasium, début du XXe siècle). Les années 1900 consacrent le retour des Realgymnasien, sous la forme de sections sans grec dans les Gymnasien, officialisant la pratique de la dispense. Dans l’autre sens, plusieurs Realschulen proposent des cours facultatifs de latin. Elles permettent ainsi une bifurcation vers un Realgymnasium ou un Gymnasium. Dans la majorité des cas, le cursus scolaire n’est pas suivi jusqu’au bout : on s’arrête une fois qu’on a obtenu le service militaire d’un an. Seule une petite élite fréquente les classes supérieures : en 1900/01, sur les 142 élèves du Gymnasium de Guebwiller (classes préparatoires exclues), 6 élèves sont en Ober-Secunda, 7 dans les deux Prima réunies en une classe et 3 réussissent leur baccalauréat. Un écolage élevé ferme, dès les classes préparatoires, l’enseignement secondaire aux fils du peuple.
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