icon_facebookicon_google-plusicon_pinteresticon_twitterlogo_ukoo

Les monuments historiques d'Alsace endommagés par la guerre de 1939-1945

Les monuments historiques d'Alsace endommagés par la guerre de 1939-1945 Agrandir

Caractéristiques

Auteur et institut Nicolas Lefort
Périodes Époque contemporaine
Thèmes Arts et architecture
CartographeJean-Philippe Droux, CNRS (ARCHIMEDE)
EchelleAlsace
Date de création2014
Date de dernière modification2014
SourceCarte originale
Comment citer cette sourceNicolas Lefort, « Les monuments historiques d'Alsace endommagés par la guerre de 1939-1945 », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, 2014

Notice de la carte

Les monuments historiques d’Alsace endommagés par la guerre 1939-1945

En 1945, l’Alsace compte environ 800 immeubles protégés au titre des monuments historiques : 250 monuments « classés » auxquels s’ajoutent plus de 550 monuments « inscrits » à l’Inventaire supplémentaire. Sur ces 800 monuments classés et inscrits, environ 300, soit plus du tiers, sont plus ou moins endommagés du fait de la Seconde Guerre mondiale. Ce bilan fait du Bas-Rhin et du Haut-Rhin les départements français les plus touchés après celui du Calvados.

Le bilan « officiel » des dommages de guerre dans les monuments historiques d’Alsace est publié par l’inspecteur général des monuments historiques Jean Verrier en 1947. Il dénombre 294 monuments endommagés en Alsace (163 dans le Bas-Rhin et 131 dans le Haut-Rhin) dont 98 sont « classés » parmi les monuments historiques (60 dans le Bas-Rhin et 38 dans le Haut-Rhin) et 196 « inscrits » à l’Inventaire supplémentaire (103 dans le Bas-Rhin et 93 dans le Haut-Rhin). 

Jean Verrier a réparti les monuments endommagés en cinq catégories suivant l’importance des dommages : « monuments détruits », « dommages très graves », « dommages graves », « dommages moyens » et « dommages légers ». D’après son décompte, 14 monuments sont totalement « détruits »  en Alsace (7 dans le Bas-Rhin et 7 dans le Haut-Rhin). En outre, 13 monuments ont subi des « dommages très graves » (3 dans le Bas-Rhin et 10 dans le Haut-Rhin), 105 des « dommages graves » (62 dans le Bas-Rhin et 43 dans le Haut-Rhin), 3 seulement des « dommages moyens » (2 dans le Bas-Rhin et 1 dans le Haut-Rhin) et 159 des « dommages légers » (89 dans le Bas-Rhin et 70 dans le Haut-Rhin). Selon l’architecte en chef des monuments historiques d’Alsace Bertrand Monnet, les dommages sont « numériquement étendus mais généralement superficiels » et peuvent la plupart du temps être réparés sans compromettre « ni l’intérêt architectural, ni la valeur authentique des édifices ».

L’analyse des causes des dommages de guerre permet de mieux en comprendre l’étendue. 

Pendant la période de la « drôle de guerre » qui s’étend de septembre 1939 à mai 1940, le cantonnement des troupes françaises dans des monuments historiques, pourtant interdit par l’administration des Beaux-Arts, cause des sinistres importants comme les incendies accidentels des châteaux de Reichshoffen et d’Odratzheim. Les combats de mai-juin 1940 font peu de dégâts dans les édifices protégés au titre des monuments historiques mais ils n’épargnent pas le patrimoine alsacien. 

Après l’armistice du 22 juin 1940 et l’annexion de fait de l’Alsace à l’Allemagne nazie, les bombardements alliés de 1943 et 1944 touchent notamment le centre-ville ancien de Strasbourg et causent des dégâts très importants, en particulier à la cathédrale (tour de croisée de Klotz), au château des Rohan, à la maison de l’Œuvre Notre-Dame ou à l’Ancienne Douane. 

D’octobre 1944 à février 1945, la Libération de l’Alsace donne lieu à des combats acharnés en raison de la résistance que les troupes allemandes opposent aux Alliés dans la Poche de Colmar : dans le vignoble, les villages pittoresques de Bennwihr, Mittelwihr, Ostheim et Guémar sont complètement détruits ; Ammerschwihr, Kaysersberg et Sigolsheim subissent de très importants dommages. À Ribeauvillé, Riquewihr, Turckheim et à Colmar, les dégâts sont légers. Par contre, la place forte de Neuf-Brisach est fortement touchée. Sélestat est également sinistré. Dans le sud de l’Alsace, Thann et Masevaux subissent des dommages conséquents, et dans le nord, Haguenau, Wissembourg et Lauterbourg sont également atteints par les combats de la Libération. Les églises de Fort-Louis et de Herrlisheim, situées le long du Rhin, sont très fortement endommagées. Au final, aucune partie du territoire alsacien n’est totalement épargnée.

Hormis les destructions dues aux combats et aux bombardements, les monuments commémoratifs français font, dès juillet 1940, l’objet d’une politique de destruction systématique de la part des nazis. À Strasbourg, le monument de la Marseillaise est détruit à coups de marteau par des membres des Jeunesses hitlériennes venus du pays de Bade. Les restes du général Kléber sont transportés de nuit au cimetière militaire de Cronenbourg, sa statue est déboulonnée mais sauvée de la destruction. À Colmar, les statues du général Rapp et de l’amiral Bruat, œuvres de Bartholdi, sont abattues. Le monument français du Geisberg élevé en 1909 à Wissembourg est démoli, seul le coq sommital peut être sauvé. Les monuments commémoratifs de la Première Guerre mondiale comme le monument national de l’Hartmannswillerkopf sont aussi visés.

En 1945, l’œuvre de reconstruction qui attend le service des monuments historiques en Alsace est donc immense.

Sources :

Verrier Jean, Les dommages de guerre aux édifices classés parmi les monuments historiques et inscrits à l’Inventaire supplémentaire, Paris, Société française d’archéologie, 1947, p. 29-35.

Bibliographie : 

Betz Maurice et Roubier Jean, L’art français dans la guerre, L’Alsace, Paris, Fayard, 1947.

Léon Paul, La Vie des monuments français, Destruction, restauration, Paris, Picard, 1951. 

Monnet Bertrand, « Le service des Monuments historiques depuis la Libération », Saisons d’Alsace, 35, 1970, p. 285-295.

Sittler Lucien, Au cœur de l’Alsace meurtrie, Un pèlerinage à travers le vignoble sinistré au lendemain des épreuves de 1944-1945, Colmar-Paris, Alsatia, 1945.

Fichier à télécharger