Le sous-sol de l’actuelle ville de Sarre-Union, située en Alsace Bossue, révèle de nombreux vestiges - décrits depuis le XIX^e siècle - qui appartiennent à une agglomération antique. Cette bourgade, qui semble apparaître dans la première moitié du I^er siècle ap. J.-C. et qui s’implante sans doute sur un établissement laténien, constitue un pôle d’attraction qui joue un rôle majeur dans l’organisation locale (vallées de la Sarre et de l’Eichel) du peuplement pendant toute l’Antiquité. A la fin du I^er siècle, un important quartier artisanal se met en place. Il est principalement occupé par des potiers qui y installent leur atelier et leurs fours. L’agglomération devient ainsi un centre de production céramique important à l’échelle locale, voire régionale. Pendant le II^e et le III^e siècle, l’agglomération semble parvenir à son apogée et elle atteint sa taille maximale qui peut être estimée à une trentaine d’hectares environ. A partir de la seconde moitié du IIIe siècle, l'agglomération semble lentement décliner et la production de céramiques périclite probablement. L’occupation se restreint progressivement à l’emplacement de la ville médiévale (Bouquenom). Dans l’état actuel des connaissances, l’occupation romaine de Sarre-Union ne semble pas continuer au-delà du IVe siècle. Mais une continuité d’occupation entre l’Antiquité tardive et la période médiévale (au V^e et VI^e siècle.) est fortement probable (cela reste à confirmer par de nouvelles découvertes).

Située au croisement de plusieurs voies importantes (cette position est probablement l’un des principaux facteurs de son essor), cette bourgade antique, de part sa forme ellipsoïdale, est probablement organisée le long d’un axe principal, la « voie des Salines » (reliant la région de Marsal à Mayence). Si l’agglomération possède un important quartier artisanal, son caractère citadin et marchand n’est pas à oublier. Le mobilier découvert, la forme des maisons, ainsi que leurs aménagements extérieurs et intérieurs sont autant d’indices qui ne laissent aucun doute sur la valeur urbaine et commerciale de l’agglomération. Notons aussi que Sarre-Union est située au bord de la Sarre, une rivière importante sur laquelle la bourgade antique a pu développer des activités de batellerie et probablement aussi de pêche.

L’agglomération antique de Sarre-Union et ses activités sont de mieux en mieux connues, toutefois, beaucoup de doutes subsistent encore et de nombreux aspects nous échappent (agencement des rues ? présence d’un centre public ? nécropole ? alimentation en eau ? …) à cause d’un manque cruel de données. Trop peu de zones sont connues archéologiquement et lors des fouilles, les fenêtres d’observations sont trop peu larges. De plus, de nombreux vestiges ont été détruis par la construction de la ville médiévale et l’urbanisme moderne et contemporain s’est majoritairement déroulé sans aucune surveillances archéologiques (ou effectuées en « catastrophe », une fois les structures déjà détruites en grande partie).

Source

NÜSSLEIN Antonin, Les formes du paysage entre Sarre, Eichel et Isch à l'époque romaine, mémoire de master, Université de Strasbourg, 2012.

Bibliographie 

• GERVREAU Jean-Baptiste / GOUBET Francis / MEYER Nicolas / NÜSSLEIN Paul / ORDITZ Claudi / VAUTHIER Sophie, Les ateliers céramiques gallo-romains de Sarre-Union (Bas-Rhin) : des centres de production méconnus, in Actes du congrès de Colmar, Société Française d’étude de la céramique antique en Gaule,Marseille, 2009, p. 23 à 31.
• NÜSSLEIN Antonin, Les formes du paysage entre Sarre, Eichel et Isch à l'époque romaine, mémoire de master, Université de Strasbourg, 2012.
• NÜSSLEIN Antonin, L'Alsace Bossue à l'époque romaine : recherches anciennes et nouvelles connaissances, in Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Saverne et Environs., n°244, 2013, p. 23 à 46.

Antonin Nüsslein, 2014